Ce matin là, je sortais de chez le coiffeur. J’avais gardé mes cheveux longs jusqu’aux omoplates, mais cette fois-ci, j’avais des boucles folles. Moi qui ai les cheveux d’une raideur déprimante, j’avais opté pour de magnifiques anglaises. Je voulais, pour une fois au moins, ressembler à ces filles des magazines : couleur superbe, brillance éblouissante, sculptée mais pas collée. En marchant, je sentais les mèches danser et rebondir sur mes épaules et j’avais l’impression d’affronter le soleil de ma toison blonde. Je levais la tête, fière, me sentant belle et cherchant les gens du regard. J’ai arpenté ainsi la moitié de la ville juste pour le plaisir de me montrer et de sentir les yeux des passants m’effleurer tendrement. Je me suis arrêté devant une vitrine où une somptueuse robe y était accrochée. Elle aurait été parfaite avec ma nouvelle tête. Je suis resté quelques minutes à la contempler quand j’aperçois dans le reflet de la vitre une femme d’une beauté époustouflante. Elle avait les cheveux au carré, raides et presque noirs. Sa coiffure simple et sa couleur naturelle semblaient caresser ses joues avec délicatesse. Subitement, la robe semblait préférer son reflet au mien l’épousant merveilleusement. Son regard d’un bleu perçant croisa le mien en une fraction de seconde et je l’ai suivi des yeux jusqu’à ce qu’elle tourne le coin de la rue. J’ai repris mon chemin un peu moins pétillante et regrettant déjà ma raideur naturelle et le brun sauvage de ma naissance...
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La sorcière de Wolfstone
Magie secrète au coeur des mots
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