Ce matin, alors que le givre emprisonnait les vitres de la chambre, qu’au-dehors tout encore était engourdi par le froid de la nuit, toi, la respiration calme et profonde, sous le duvet de plumes, les yeux fermés si fort, je t’ai vu mourir et perdre tes couleurs. Tout est allé si vite, tout était si paisible, juste un soupir, comme un soulagement, puis le silence glacé, l’évidence sereine d’une fin de vie au commencement du jour. J’y avais songé à ce moment, je l’avais imaginé avec horreur, dans la peur, dans la douleur. J’avais pensé à cet instant de mort les larmes au cœur le jour où tu m’as dit : « je sais à présent que je t’aime, je souhaite faire ce chemin avec toi. » Dans tes yeux, ce jour-là brillait comme milles étoiles réunies l’espoir de vivre à deux, l’envie d’être avec moi, l’amour qui se dévoile. Tu m’as tendu la main, cette main toujours si sûre et si ferme, tu m’as emmené jusqu’au bord de l’océan et nous avons passé la nuit dans le ressac des vagues et les bruits de la plage. Ce matin, ta main est glacée. Je la serre contre moi, contre mon corps chaud qui refuse de te laisser partir, je suis comme une enfant, effrayée au moindre bruit, je guette, j’espère, je crois te voir bouger, je m’attends encore à te voir ouvrir les yeux et me sourire, me dire « bonjour » comme chaque jour depuis trente ans. Je ne veux pas croire qu’il y a six heures à peine tu me donnais ton dernier baiser. Je ne veux pas croire qu’à présent, il ne me reste de toi que les souvenirs et quelques photos. Je ne veux pas croire que je vais devoir continuer sans toi...
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La sorcière de Wolfstone
Magie secrète au coeur des mots
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